lundi 31 août 2015

Il est de retour - Timur Vermes


« Succès inouï en Allemagne, traduit dans trente-cinq langues, bientôt adapté au cinéma, Il est de retour est un véritable phénomène. Entre Chaplin, Borat et Shalom Auslander, une satire aussi hilarante que grinçante qui nous rappelle que face à la montée des extrémismes et à la démagogie, la vigilance reste plus que jamais de mise. Soixante-six ans après sa disparition, Hitler se réveille dans un terrain vague de Berlin. Et il n'est pas content : comment, plus personne ne fait le salut nazi ? L'Allemagne ne rayonne plus sur l'Europe ? Depuis quand tous ces Turcs ont-ils pignon sur rue ? Et, surtout, c'est une FEMME qui dirige le pays ? Il est temps d'agir. Le Führer est de retour et va remettre le pays dans le droit chemin. Et pour cela, il lui faut une tribune. Ça tombe bien, une équipe de télé, par l'odeur du bon client alléchée, est toute prête à lui en fournir une. La machine médiatique s'emballe, et bientôt le pays ne parle plus que de ça. Pensez-vous, cet homme ne dit pas que des âneries ! En voilà un au moins qui ne mâche pas ses mots. Et ça fait du bien, en ces temps de crise... Hitler est ravi, qui n'en demandait pas tant. Il le sent, le pays est prêt. Reste à porter l'estocade qui lui permettra d'achever enfin ce qu'il avait commencé... »



450 pages - Editions Belfond - Commander


Hello ! Me voila avec la chronique d'un livre que je voulais lire depuis qu'il est sorti et que j'attendais avec beaucoup d'impatience : Il est de retour, de Timur Vermes. Étrangement, quand j'ai vu ce livre, avant même de lire le résumé, j'ai compris qu'il s'agissait de parler de Hitler, surement à cause de sa mèche de cheveux si caractéristique qui illustre le livre (mais enfin bon, quand même, il n'est pas le seul homme à s'être coiffé ainsi). Pour expliquer mon impatience, il faut savoir que je suis fascinée par la Seconde Guerre mondiale, par la manière dont elle s'est déclenchée, par la manière dont Hitler a réussi à prendre le pouvoir sans que personne ne réagisse, etc... Aussi, quand j'ai vu ce livre, et l'originalité du sujet, j'ai eu envie de le lire.

Quelqu'un qui m'a vue le lire m'a demandé de quoi ça parlait. Je lui ai décrit le livre en lui disant "Et si Hitler se réveillait à notre époque ?". Il m'a aussitôt répondu "Ah, roman d'anticipation, comme 1984 ou Le meilleur des mondes". Mmmm, oui mais non. D'abord, ça se passe à notre propre époque, pas dans un futur loingtain. Ce n'est pas nous qui devons apprendre à situer la nouvelle réalité, mais Hitler. Ensuite, c'est plus écrit dans un but comique - d'après ce que j'ai ressenti néanmoins - que dans un but d'anticipation. Et puis les romans d'anticipation, comme l'indique leur nom, anticipent. Or ici, il y a franchement très peu de probabilités qu'Hitler se réveille un jour sur un terrain vague en Allemagne.

Car c'est comme ça que commence l'histoire : Hitler se réveille, en 2014, sur un terrain vague. Des jeunes jouent un peu plus loin, et tandis que Hitler tente de comprendre où il est, il se rend compte que ces jeunes ne savent pas qui il est. Tout de même, il est le Führer ! Tout le monde sait qui il est. Et ben non. Et c'est ce qui va se passer pendant une grosse partie du livre : on ne le reconnait pas. Du moins, on le prend pour un illuminé qui se balade en uniforme de SS (du moins j'imagine que Hitler devait avoir un uniforme assez similaire à ses SS). On le prend pour un comédien, un immitateur. Et c'est comme ça que l'intrigue du livre se développe : un vendeur de journaux recueille Hitler quelques jours et le prend pour un comédien qui est toujours à fond dans son rôle (puisqu'en effet, il ne donne aucune autre identité qu'Adolf Hitler, et il n'en démord pas de ses grands principes de 1933). Il le trouve tellement bon dans ce rôle qu'il contacte des agents d'une grande chaîne de télévision afin qu'ils le rencontrent, parce que, c'est le meilleur. 

On assiste donc, tout au long du livre, à Hitler se faisant au nouveau monde qui s'offre à lui, se demandant comment sauver cette pauvre Allemagne, et où sont passés les juifs, et pourquoi il y a tant de turcs, et déplorant le manque de discipline, et les politiciens, et le manque d'espace vital et de ressources. On assiste dans un second temps à l'Allemagne se faisant au retour d'un Hitler plus vrai que nature, mais toujours sous couvert de comédie, parce qu'il est comédien, qu'ils se disent.

En fait, tout le livre se déroule sur un immense quiproquo : Hitler parle de son programme, de sa vision de l'Allemagne, de la manière dont il compte changer les choses, et l'opinion publiques, les spectateurs, le voient comme un génie qui dénoncent les incohérences de la société, et les abus de pouvoirs, et ceci, et cela... Et pendant ce temps, Hitler n'a de cesse de crier haut et fort "JE SUIS HITLER", et les autres de rigoler "oui, oui, on sait, mais votre vrai nom ?"

Je me suis assez ennuyée pendant les 100 premières pages, pendant lesquelles il découvre vraiment le monde, fait ses premiers pas à la télévision. Après, je me suis davantage amusée. Je n'ai pas non plus vraiment ri. C'est amusant certes, mais pas si comique, selon moi. Toutefois, ma lecture a été agréable, et lorsque je suis arrivée à la dernière page, je me suis demandée "quoi, c'est déjà la fin ?". Mais plus que l'entrainement dans la lecture, c'est la manière dont ça se finit qui m'a perturbée. Ça se finit sur une bonne phrase, certes, mais ça se finit avec Hitler en héros. Et ça ne m'a pas plu. Je m'attendais à ce que Hitler soit sévèrement condamné, que l'auteur montrerait son désaccord avec les atrocités qu'il a commises d'une manière ou d'une autre (mort, emprisonné, malade, vieux et seul dans un coin, SDF... peu importe). Mais non. On voit un Hitler qui deviendrait presque sympathique, parce qu'il a de l'affection pour sa secrétaire, parce qu'il aime bien son collègue et que les deux ensemble fondent une famille et que ça l'émeut. Parce qu'il aime les enfants ("ce sont l'avenir"), parce qu'il aime la musique classique, l'opéra et qu'il a l'humour mordant. On rend Hitler humain, compatissant et sensé. Et je ne suis pas vraiment d'accord avec cette manière de voir non plus. Ce n'est surement pas l'intention de l'auteur, mais on peut presque penser, en lisant ce livre, "bon, ça ne serait pas si grave, s'il revenait". Et pourtant, ce n'est pas faute d'insérer tout le long du livre les pensées d'Hitler à propos des personnes qu'il voudrait éradiquer, des pays qu'il faudrait annexer et de ses regrets du passé, du bon vieux temps.

Toutefois (et je pense que c'est davantage le but du livre), avec cette histoire, on se rend compte d'une chose qui fait froid dans le dos : si un autre dictateur du genre d'Hitler arrivait par la voie du divertissement, est-ce qu'on est sûr qu'on s'en rendrait compte ? Est-ce qu'une fois encore, on ne laisserait pas les choses se faire, parce que "c'est du divertissement" et au nom de notre liberté d'expression, si chère à notre cœur ? Dans ce livre, la réaction du public est à majorité le rire. Certains, notamment les journaux, tentent d'intenter Hitler et sa société de production en justice, mais toutes les tentatives échouent dès le début. Je me demande donc, et je pense que c'est légitime : et si ? J'aime à croire qu'on ne laisserait pas cela se reproduire, du moins je l'espère (et j'en prends pour "preuve" le scandale Dieudonné). 


L'écriture est fluide et l'auteur écrit bien. J'ai quand même dû me forcer à continuer pour atteindre la deuxième centaine de pages qui a commencé à m'intéresser. En bref, c'est un bon livre dans l'ensemble, agréable à lire bien qu'un peu long

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