vendredi 10 juin 2016

Une dernière chance - Seita Parkkola


Hello ! Me revoila avec une chronique d'un livre jeunesse, Une dernière chance, de Seita Parkkola.



« Élève difficile, Viima est envoyé à l'Ecole de la Dernière Chance, véritable centre de redressement où il doit renoncer à tout. Mais que signifie le marquage des élèves ? Et cette rumeur sur une galerie des masques ? La lutte captivant d'un garçon ordinaire contre un pouvoir magique et tyrannique. »




351 pages
Editions Actes Sud Junior 






J'ai emprunté ce livre à la bibliothèque Mejanes de  Aix-en-Provence, parce que je venais de m'inscrire et que devant ce paradis rempli de livres (si grande comparée à celle de ma petite ville), j'étais OBLIGÉE d'emprunter des livres. Obligée je vous dis. Donc, j'ai déambulé parmi les rayons, mais pas trop non plus parce que je ne devais pas louper mon bus et, fidèle à moi-même, j'ai décidé d'aller regarder dans les rayons jeunesse/fantastique (faut dire que j'avais repéré ce rayon au début de l'année et qu'il m'avait beaucoup plu). La couverture du livre m'a attirée (c'est toujours ce que je regarde en premier, shame on me) puis le résumé m'a intrigué. Du coup je l'ai emprunté, en même temps que trois autres bouquin.
Je n'ai pas tout de suite commencé celui-là, j'avais une affection particulière pour les autres empruntés. Quand je l'ai commencé, j'ai eu du mal à m'y mettre. Et puis hier, j'ai voulu faire une pause dans ma lecture du Seigneur des Anneaux (parce que bon, l'intégrale, ça fait long quand même !) et je me suis donc replongée dans Un dernière chance. Et là je ne l'ai plus lâché, jusqu'à le finir dans la journée.

Donc, c'est déjà un livre qui se lit très vite. Une fois pris dans l'histoire, on n'a qu'une envie : en savoir plus. L'auteur joue très bien avec le suspens et nous tient en haleine tout le long. Ce n'est pas un polar et pourtant, on a un peu le même sentiment de mystère, le même sentiment de vouloir absolument dénouer les nœuds pour savoir ce qui se trame. 

On a donc Viima, 13 ans, qui est un enfant "perturbateur", un "élève difficile". Déjà entre nous, j'ai eu du mal à croire que cet enfant soit décrit comme tel. Tant parce qu'il est le narrateur et qu'il a des réflexions qui nous semblent tout sauf celles d'un enfant perturbateur que par ses actions qui ont plus l'air celles d'un enfant rêveur et en quête de lui-même. En effet, Viima tague sur les murs, y dépose sa signature et y fait des beaux dessins - on a l'impression qu'il fait de l'art. Viima adore également faire du skate, parce que cela lui donne l'impression de voler. Jusque là, rien qui me semble suffisant pour justifier la sévérité envers Viima. Mais voila, Viima a tenté de fuguer. Du moins c'est ce qu'en pensent les adultes. Parce que de la manière dont nous l'explique Viima, il est juste monté dans le train, parce qu'il passait à côté, avec l'intention d'en ressortir lorsqu'il s'apprêterait à repartir. Puis, grisé par ce sentiment d'évasion, de liberté, il n'est pas descendu. Et il a refait cela quelques fois, conduisant ses parents à l'inscrire dans une école "spécialisée". C'est pour cela que je pense que Viima est plus rêveur que perturbateur. 

Concernant l'Ecole de la Dernière Chance, c'est censé être l'école où tu décides de "choisir l'avenir". Bon c'est une école stricte, parce que c'est quand même censé être l'école où l'on "relève" les élèves délinquants, ceux qui sont presque perdus. Le truc que je me suis demandée pendant tout le livre c'est « comment je réagirais, moi, dans cette situation ? » Pas dans la situation de Viima, mais dans celle des adultes, des parents. Parce que le narrateur est Viima, on se sent révolté contre ce qui lui arrive et contre la sévérité des adultes l'entourant. Pourtant, je me suis beaucoup demandée si ces mesures étaient si radicales, si strictes, dans un contexte où les enfants sont censés être en centre de redressement. En effet, on lui enlève son skate et grosso-modo ils ne doivent pas faire de pas de travers sous peine de punissions. Et ça me semble plutôt logique pour ce genre d'établissement.

Ce qui m'a particulièrement intriguée également, c'est le fait que tous les autres enfants de l'école semblaient être super sages (bon sauf lorsqu'il s'agissait de faire des crasses à Viima) alors que bon, on est quand même dans l'école où il ne doit y avoir que des délinquants en puissance. Pourtant, seul Viima semble poser problème. Et en fait, cela vient du mystère de l'école.

Ce mystère, on le découvre avec India, une fille qui sauve plusieurs fois la mise à Viima et qui, accompagnée de trois autres enfants, vont aider Viima à découvrir le secret de l'école et à y mettre fin.
C'est là un des points qui m'a déçu : j'ai terminé ma lecture frustrée, parce qu'il n'y avait pas assez d'explications à mon goût. Toute une partie du bouquin, on nous parle de ces fameux masques et on tente de savoir à quoi ils servent. On finit par savoir à peu près à quoi ils servent, mais on n'a strictement aucune explication sur la manière dont cela fonctionne et ça m'a donné un gros sentiment d'incomplet, quand on pense que c'est un peu la clef de l'intrigue. De même pour cette fameuse marque, qui m'avait attirée sur la 4ème de couverture, qui n'est au final qu'une manière de stigmatiser les élèves les plus turbulents et non pas quelque chose d'un peu magique ou sectaire comme je me l'imaginais. Il faut dire qu'il y a un extrait en gros sur la 4ème de couv : 

« Dans le gymnase, tous les projecteurs étaient braqués sur le terrain synthétique, entouré de caméras. C'était le lieux où ma sentence serait proclamée et exécutée.
— Nous te condamnons à la honte, a décrété la voix. Désormais tu porteras une marque. Elle te rappelera, ainsi qu'à tes camarades, que la perte définitive d'un élève marqué ne tient qu'à un fil... »

Bon, cette entrée en matière me faisait espérer quelque chose d'un peu plus sombre que ce à quoi on a droit dans le livre et au moins à plus d'explication concernant ce grand mystère de la "galerie des glaces". D'autant plus qu'il y a des très bons éléments dans le livre qui nous font espérer un dénouement à la Hercules Poirot où nous comprendrons tout. Mais non. D'où ma déception.

Le seul mystère dont l'explication m'a semblé suffisante est celle de la disparition des parents de Viima. On a le droit à un happy end en quelques sortes à la fin.
A propos des parents de Viima, ceux-ci sont séparés et Viima est donc ballotté d'une maison à une autre. Le père de Viima est remarié avec Verve Avanto, la CPE de... oui, vous avez compris, de l'Ecole de la Dernière Chance (devinez qui a permis l'entrée de Viima à l'école... ?). Avanto est en quelque sorte la grande méchante de l'histoire, même si à mon avis ce point n'est pas assez développé non plus. 
Et donc, je pense que la morale de cette histoire (vous savez maintenant que j'aime bien réfléchir à propos de mes lectures et voir ce qu'on peut en tirer pour la vie de tous les jours) est surtout que lorsque les parents ne s'entendent pas et font n'importe quoi entre eux, ne sont pas assez à l'écoute de leurs enfants, cela peut mener à l'instabilité de ces derniers. Parce que comme je le disais au début, Viima n'est pas à mon sens un élément perturbateur, mais un garçon rêveur qui aspire à la liberté, il veut "voler" avec son skate, il est en quête de quelque chose de "plus" je pense. Et je pense que cela est le résultat de la mésentente de ses parents (cette envie de liberté viendrait selon moi du fait qu'il se sente étouffé par l'ambiance qui règne chez lui).

Voila, ce livre a été primé "Pépite du roman ado européen 2011" car c'est vrai qu'il est très bien écrit et nous garde en haleine tout du long, mais il aurait fallu selon moi une centaine de pages supplémentaires pour avoir cette impression d'achevé et éviter cette frustration due à des mystère encore trop présents et trop épais.